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En mars 2010, la proposition visant à inscrire le thon rouge de l'Atlantique en annexe I de la CITES a été rejetée à Doha par une majorité de pays menée par le Japon.
De nombreux participants se sont cependant engagés solennellement à oeuvrer pour un véritable changement lors dans la réunion de l'ICCAT de novembre 2010 pour que cette commission adopte (enfin) les mesures nécessaires pour reconstituer les stocks.
Sauvegarder le thon rouge, c'est protéger la biodiversité marine, c'est arrêter de croire que nous vivons dans un monde fini aux ressources infinies, c'est penser aux générations futures. Mais pas seulement. Sauvegarder le thon rouge c'est aussi préserver la culture méditerranéenne ! Depuis l'Antiquité on pêche le thon rouge en Méditerranée.
Des fouilles attestent de la pratique de cette pêche dès le 7ème millénaire avant notre ère. Les techniques de pêche ont évolué au fil des siècles... de la pêche à la palangre, en passant par la madrague, c'est aujourd'hui la technique de la pêche à la senne qui domine.
Des générations et des générations de méditerranéens se sont nourris de thon rouge au fil des siècles. Malheureusement, cette tradition culinaire risque de disparaitre. Car si aujourd'hui les Japonais se délectent de sushis et autres sashimis au thon rouge, les générations futures n'auront bientôt que les livres d'histoire pour connaitre ce pan de notre culture.
A l'occasion de la réunion de la commission internationale sur les thonidés qui se déroule du 17 au 27 novembre, il est impératif que cette mobilisation mette fin à la pêche industrielle (la pêche à la senne) et défende une pêche artisanale méditerranéenne.
Si on veut sauver l'espèce avec 100% de chances, le total admissible de captures doit être au maximum de 6000 tonnes par an. D'autant que ce quota total annuel répondrait aux obligations de l'Union européenne qui, dans le cadre de sa directive cadre « Stratégie pour le milieu marin », contraint juridiquement les Etats membres à adopter des mesures de gestion qui permettront aux stocks de poissons de retrouver un état satisfaisant d'ici à 2020.
En 1991, le gouvernement canadien mettait un terme à une tradition vieille de 5000 ans et interdisait la pêche au cabillaud au nord de Terre-Neuve. Aujourd'hui, le gouvernement canadien tente de conserver son héritage en développant l'élevage de cabillauds... mais le plus simple n'aurait il pas été d'arrêter la pêche intensive quand les premiers cris d'alarme ont été lancés ? L'Histoire se répète donc...
Depuis plusieurs années, les recommandations scientifiques nous alertent. La survie du thon rouge est menacée par nos pratiques et modes de consommation. Stopper la pêche industrielle au thon rouge, c'est envisager qu'un jour nos petits enfants aient l'opportunité de le déguster. Eviter de consommer du thon rouge pour le moment, c'est penser à l'avenir tout en considérant le passé. La mer méditerranée et ses composantes, terre inspiratrice de la culture méditerranéenne doit vivre et survivre à l'Homme.
Isabelle Autissier, Présidente du WWF-France
Serge Orru, Directeur général du WWF-France
Source WWF
http://www.ecolorama.fr/eau/3/infos-presse/39/wwf-l/1750/